
Urbanisme — Métropole
Interview Christophe Ferrari - la Métropole et la densification urbaine
En cette rentrée, Mr Ferrari, Président de la Métropole fait le choix du logement comme dossier prioritaire. GRANDE INQUIÉTUDE au vu des propos tenus par Mr Ferrari dans le DL du 3 Septembre, notamment lorsque l'on connait les accointances, relations et allégeances de nos élus municipaux majoritaires de MEYLAN vis à vis de la Métro. Restons vigilants sur la densification urbaine qui nous est imposée et faites nous part de vos observations pour agir ensemble.
Article DL
Christophe Ferrari : « La ville écologique est une ville dense »
Alors que la Métropole se penchera prochainement sur la deuxième phase de son Plan local de l’habitat (PLH), et au moment où l’inflation et le coût des matériaux ralentissent les réalisations notamment dans l’agglomération grenobloise, Christophe Ferrari lance : « Il faut accélérer la construction de logement social auquel 70 % des Français sont éligibles »
Avec l’inflation et la crise des matériaux, certaines opérations immobilières sont-elles en danger ? « Oui, elles peuvent être menacées quand les matériaux prennent 30 à 40 % et 15 à 20 % supplémentaires au m². Ce qui nécessite des arbitrages : soit avec des bâtiments de moins bonne qualité, soit en gagnant de la surface à construire, en hauteur. C’est ce que demandent les promoteurs aujourd’hui, un à deux étages supplémentaires. Ce qui pose la question aussi de l’acceptabilité (par les habitants, NDLR). Mais dans certaines communes, comme Grenoble, Échirolles ou Pont-de-Claix, quand on dépasse 3 000 € le [m2], on ne vend plus. »
Vous répétez souvent que le logement est la première des solidarités…
« C’est une priorité avec 17 000 demandes de logement social en attente dans la Métropole et un délai d’attribution de 22 mois, assez raisonnable toutefois. Nous devons porter des objectifs de construction, de 1 000 à 1 200 logements par an, et les accélérer dans l’urbain mais aussi dans des communes plus petites. »
Pour certaines communes, ça demande un gros effort ?
« Certaines villes doivent en effet faire un chèque (aux promoteurs) pour réaliser des opérations (via la décote foncière notamment). Et notre rôle à la Métropole c’est de porter cette ambition de construction, via les aides à la pierre, le foncier, de soutenir et stimuler les constructeurs. »
En densifiant les villes ?
« La ville écologique est une ville dense. Pour lutter contre l’étalement urbain, pour rendre des terres à l’agriculture, créer des zones économiques en proximité, on doit construire du logement en optimisant le foncier. Si on veut rendre de l’espace au sol, on doit monter (en étages). »
La densification fait bondir de nombreux élus ou habitants…
« Oui, ce mot fait peur mais la question du logement social doit être regardée avec finesse au regard de l’habitat existant. On ne construit plus d’îlots de 100 % logements sociaux au même endroit. C’est abandonné. »
Sauf que Grenoble et son agglomération possèdent de nombreux îlots de chaleur. N’est-ce pas risquer de les renforcer ?
« Pas si vous densifiez en organisant l’opération, en pensant à l’exposition des logements, en travaillant le cœur intérieur pour conserver de la fraîcheur en été, en végétalisant les toits, etc. »
Il faut construire et rénover en même temps ?
« Les deux bons pieds, c’est construire du neuf et massifier la rénovation thermique. Mais les moyens de l’État ne sont pas suffisants aujourd’hui. »
La Métropole pourrait-elle augmenter ses aides à la rénovation ?
« On pourrait l’imaginer, les communes doivent aussi y participer et certaines le font déjà. On doit trouver le bon niveau pour déclencher les décisions de rénovation. S’il y a besoin de revoir nos aides, revoyons-les. Mais la question de la politique nationale du logement se pose. Pourtant, le logement, c’est entre 25 et 30 % des budgets des familles. Pouvoir d’achat, solidarité, transition écologique, c’est bien le lieu où il faut utiliser l’argent public à bon escient. »
Je ne comprends pas que le président de la République, si attentif à l’économie, ne parle jamais de construction de logement social, on a l’impression que le sujet ne l’intéresse pas.
La Métropole propose « une recapitalisation de Grenoble Habitat
Forte de 4 500 logements, Grenoble Habitat est une société d’économie mixte dont la Ville de Grenoble est majoritaire. Et cette dernière a affiché sa volonté de vendre ses parts ces prochains mois, provoquant notamment la colère des salariés. Faute d’un accord avec la Métropole qui a refusé toute transaction financière , la Ville pourrait se tourner vers un acteur national.
Face à cette impasse, Christophe Ferrari avance une autre piste de sortie de crise. « La compétence logement n’est pas exclusivement métropolitaine, les maires en ont une part notamment ceux qui sont en dessous de 25 % de logements sociaux, ce qui est encore le cas de Grenoble ( elle vise ce taux légal et même 30 % à court terme, NDLR ). Grenoble Habitat (GH) est un partenaire local qui réalise 20 % des logements nouveaux dans la métropole mais sa situation financière n’est pas très bonne, ils étaient à 150 constructions de logements par an et devraient baisser à 80 ».
Alors Christophe Ferrari esquisse une solution : « Le modèle de GH, qui est vertueux, qu’il faut protéger, a besoin de soutien financier, on peut donc recapitaliser (la Métropole est actionnaire à 1 %) et lui permettre de construire plus de logements, de l’ordre de 200 par an ».
La compagnie de chauffage dans la balance ?
Si la Métropole n’entend pas racheter ces parts, un autre basculement de compétence pourrait toutefois équilibrer la donne. Christophe Ferrari le dit tout en nuance : « Pour GH, il n’y a aucune obligation légale à racheter les parts. À la différence de la compagnie de chauffage sur laquelle nous travaillons car la compétence énergie est désormais exclusivement métropolitaine ». Or, la Métropole n’est actionnaire qu’à 6 % et la Ville à 52 %. Un accord entre les parties pourrait-il, par rebond, résoudre la situation de GH ? Possible.
Pour autant, le président de la Métropole ne change pas de discours sur le logement : « Avec GH, on est sur un objet qui fabrique quelque chose qui n’est pas vendable, philosophiquement parlant. Ce serait une erreur de voir disparaître un outil dont les logements sociaux sont le seul patrimoine ». Et de prévenir : « Si GH était vendu à un acteur de l’immobilier national, ils pourraient évidemment construire mais la Métropole n’apporterait alors aucune aide ».
Une réunion entre Christophe Ferrari et Éric Piolle, le maire de Grenoble, est prévue à ce sujet ces prochains jours.
Le Dauphiné
Jean-Benoît VIGNY
02 sept. 2022
Lieu : Métropole

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